Tu es responsable
La première fois que j’ai eu accès à une vidéo pornographique, j’avais 8 ans. Et à partir de là, j'ai développé une sorte de curiosité et d’intérêt pour tout ce qui concernait la sexualité.
En troisième, une fille m’avait partagé un livre érotique. C’était la première fois que j’en lisais un et malheureusement, ce fut le début de pleins d’autres livres et histoires érotiques. Puis en seconde est venue la masturbation. C’est en première que je me suis rendue compte que j’avais une addiction.
L’école commençait à devenir difficile et c’était le moyen que j’utilisais pour gérer mon stress et mes émotions.
Même si l’addiction avait commencé à vraiment être sérieuse quand j’avais 16 ans, je considérais que le “chemin vers le sexe” s’est vraiment fait très tôt chez moi.
Quand je rechutais, quand c’était dur, quand je me retrouvais en pleurs parce que j’avais encore une énième fois rechuté, je le regrettais profondément. Je regrettais d’être retombée, de ne pas avoir tenu assez longtemps.
Des fois, c’était du regret et de la tristesse mais d’autres fois c’était de la colère.
Je ne sais pas si ça t’arrive à toi aussi, mais je me suis déjà retrouvée plus d’une fois à accuser Dieu de ne pas m’avoir protégée de la pornographie quand j’avais 8 ans. C’est vrai quoi, à Madagascar, il y a souvent des coupures d’électricité, pourquoi, il n’a pas fait en sorte qu’il y ait une coupure à ce moment-là ! Il aurait très bien pu le faire ! Il en a les capacités !
Des fois, après mes rechutes, au lieu d’être triste et de demander pardon, je me retrouvais donc à dire à Dieu que ce n’était pas de ma faute. Je n’avais pas choisi de regarder de la pornographie la première.
En fait, je le tenais pour responsable de ma situation, du fait que j’avais cette addiction, du fait que je ne m’en sortais pas.
On a tous des histoires différentes.
Peut-être que tu as développé cette addiction parce que tu as été exposée au sexe très tôt et ce de façon très malsaine. Peut-être que tu as découvert la sexualité en ayant subi des attouchements, des violences sexuelles ou on t’a juste obligé à en regarder. Des adultes n’ont peut-être pas fait assez attention et tu t’es retrouvée à en voir puis à en consommer et maintenant, tu en es prisonnière.
Si c’est ton cas, des fois quand tu essaies de t’en sortir et que ça ne marche pas, tu fais peut-être des reproches à Dieu ou à tes parents ou aux personnes qui t’ont exposée à la pornographie.
Tu les accuses d’être responsables et tu te considères comme une victime parce que c’est vrai, tu en es une.
Je ne me permettrais jamais de minimiser ton histoire ou de la changer parce que je te comprends.
La petite fille de 8 ans que j’étais n’avait pas à avoir accès à de la pornographie, je n’avais pas à y penser et ces images n’avaient pas à être dans ma tête.
Cependant, ça s’est passé comme ça. Et il y a eu des conséquences des années plus tard.
Comme je l’ai dit plus haut, je ne me permettrais pas de minimiser ce que tu as subi ou de dire que ton histoire n’est pas importante. Parce qu’elle l’est.
Mais la suite de cet article va peut-être te blesser et si c’est le cas, je te prie déjà de m’en excuser mais je dois quand même le partager parce que c’est important.
Je vais te parler de responsabilité.
Tu es responsable dans cette lutte
Je comprends que tu en es peut-être arrivée là suite à une succession d'événements que tu n’avais pas choisie et que tu as dû subir.
Mais aujourd’hui, dans cette addiction : c’est ta responsabilité.
Maintenant que tu sais que c’est un péché et que tu en as la conviction, c’est toi qui décides si tu rentres dans une guerre contre l’addiction ou si tu vis avec en te disant que ce n’est pas de ta faute, donc ce n’est pas à toi de faire quelque chose.
Regardons ensemble l’histoire de l’homme à la piscine de Bethesda :
“Là se trouvait un homme malade depuis trente-huit ans. Jésus l’ayant vu couché, et sachant qu’il était déjà malade depuis longtemps, lui dit : Veux-tu être guéri ? Le malade lui répondit : Seigneur, je n’ai personne pour me jeter dans la piscine quand l’eau est agitée, et, pendant que j’y vais, un autre descend avant moi.” (Jean 5:5-8)
Il ne s’agit pas de la même situation et pourtant souvent nous sommes exactement comme cet homme à qui Jésus a demandé s’il voulait être guéri.
Il n’a personne : il accuse le fait qu’il est seul, il accuse les autres de l’avoir quitté et abandonné.
Un autre descend avant lui : c’est à cause de l’autre qu’il ne peut pas arriver avant dans la piscine.
Au lieu de tout simplement répondre oui à la question de Jésus, cet homme va accuser les autres du fait qu’il est malade.
Je sais que c’est tentant de revenir sur le passé et de remettre la responsabilité sur les autres ou sur Dieu.
Après toutes ces chutes et rechutes, au lieu de faire face à la déception, c’est des fois plus facile de remettre la responsabilité sur les autres.
Mais faire cela, c’est aussi te détacher de ce combat et refuser de le mener.
C’est une arme du diable (et qui marche en plus) pour :
qu’on reste à la même place
qu’on n’avance pas
qu’on ne prenne pas de décisions concrètes
qu’on ne fasse pas ce pas de foi pour peut-être aller demander de l’aide
C’est lorsqu’on remet la faute sur les autres et sur le passé qu’on n’arrive pas à avoir un regard objectif sur le présent.
On n’arrive pas à se réjouir des bénédictions qu’on a aujourd’hui, on n’arrive pas à voir toutes les bonnes choses que Dieu nous donne aujourd’hui.
Le passé accentue encore plus notre état de prisonnier parce que comme on est bloqué dessus, on est bloqué tout court.
Maintenant, après que j’ai dit tout ça.
Qu’est-ce que tu pourrais faire ?
Pardonner.
Le pardon est l’une de tes armes de guerre
Ce n’est peut-être vraiment pas le truc que tu voulais entendre aujourd’hui.
Et pourtant, le premier pas à faire, c’est de pardonner.
Pardonner est dans la prière du Notre Père que Jésus a appris à ses disciples et que tu connais sûrement.
“Pardonne-nous nos offenses comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.” (Matthieu 6:12)
Dieu veut qu’on pardonne. En fait, il nous ordonne de pardonner. Il nous demande de le faire 77 fois 7 fois pour chaque personne (Matthieu 18:21-22).
Mais ne t’inquiète pas, il sait que c’est difficile. C’est comme aimer, si c’était facile, il n’aurait pas besoin de nous le dire n’est-ce pas ? Ce serait naturel donc pas besoin que Jésus fasse un focus dessus.
Pardonner, ce n’est pas ressentir quelque chose, ce n’est pas de se dire:
“Quand j’aurai oublié tout ça, quand je serais passé à autre chose, je pardonnerai. Dieu va sûrement me guérir et me faire oublier et là, je pourrais pardonner parce que ce sera réellement du passé. Mais pour le moment, je ne peux pas parce que je ressens encore de l'amertume, de la colère ou de la tristesse.”
En fait, pardonner, c’est faire un pas de foi, c’est une décision.
C’est encore peut-être ressentir certaines émotions fortes mais malgré cela prendre la décision dans ta tête de pardonner.
C’est dire à Dieu :
Aujourd’hui je prends la décision de pardonner à ces personnes. Je ressens encore beaucoup de choses contre elles et je ne ressens pas encore ce pardon dans mon cœur, mais je sais que Dieu par ta grâce, tu feras une œuvre dans mon cœur. Je m’attends à toi.
Et après ?
C’est de s’attendre à lui.
Laisse Dieu te guérir et te changer
Je ne vais pas te dire de juste tourner la page de ton passé et de ne plus y penser parce que je sais que ce n’est pas aussi facile. En tout cas, ça n’a pas marché pour moi de mes propres forces.
Mais justement, tout ce qu’on n’arrive pas à faire de nos propres forces, il y a quelqu’un qui peut le faire : Dieu.
“Parce que [tout] ce qui est impossible aux hommes est possible à Dieu.” (Luc 18:27)
Il est le seul à pouvoir te guérir de ton passé, il est le seul à pouvoir renouveler ton intelligence, il est le seul à pouvoir te donner le vouloir et le faire pour que tu puisses pardonner. Il est le seul qui peut faire un travail en toi pour ne plus ressasser ton passé.
Et des fois, ce travail prend du temps. Et c’est ok.
Mais durant tout ce temps, sois rassurée : il te tient par la main et il est toujours avec toi.
Tu peux faire confiance au fait qu’il le fera et qu’il te libérera de ce passé.
Les trucs difficiles, c’est sa spécialité !
Donne-toi tout entière à lui et laisse-le faire.
Et si jamais, dans ton combat, tu retombes dans tes anciennes pensées et te retrouves à accuser Dieu ou les hommes, remets ces pensées entre les mains de Dieu. Dis-lui franchement ce que tu penses de la situation et de cette addiction mais dis-lui aussi que tu veux avancer, tu veux être guérie et être libre. Il agira.
Sois bénie 😊